mardi 13 octobre 2015

Les vilains petits canards BORIS CYRULNIK

Notre agence nous a conseillé ce livre, duquel j’ai mis la main sur un résumé bien fait. Le livre en espagnol est disponible ici . J’ai seulement lu le premier chapitre que je meurs déjà d’envie de le partager avec toi !

Publié le 16 janvier 2006 par marteau christelle
INTRODUCTION
La résilience est un concept qui vient de la physique. Il se réfère à la capacité d‘un matériau qui a subi un choc de reprendre sa forme originale. L’homme croit en une autre vie malgré tout ce qu est arrivé auparavant. Il peut donc y avoir blessure mais il s’agit de permettre de continuer le développement de l’homme.
Cela revient finalement à la capacité d’une personne ou d’un système social de bien se développer malgré des conditions difficiles, des dimensions de résistance.
« Le résilient dit oui à la vie, là où la vie lui a dit non ».
Boris Cyrulnik est un psychiatre et un homme très médiatisé suite à tous les ouvrages qu‘il a écrit sur des sujets souvent mal compris.
Les vilains petits canards est un livre qui reprend les écrite de plusieurs auteurs et co-auteurs autour des instants où tout bascule dans l’existence et tranche la vie en deux morceaux. Ces évènements peuvent provoquer la mort mais pour ceux qui reviennent à la vie l’instant fatal devient sacré. La mort n’est jamais ordinaire.

BIOGRAPHIE
A n’en pas douter Boris Cyrulnik est un résilient.
Son enfance fracassée par la guerre et la déportation de ses parents ne l’a pas empêché de devenir un homme accompli.
 Né à Bordeaux en 1937, de père Russe, il devint orphelin à l’âge de 4 ans et fut recueilli par son institutrice Marguerite Lajuji décorée des années plus tard de la médaille des Justes. Amené par la police, il réussit à s’échapper avant le transfert pour Drancy .Par la suite, il fut ballotté tout au long de son enfance d’institutions en familles d’accueil.
Sans le procès Papon, ou son nom a été cité, Boris Cyrulnik aurait sans doute continué à garder le silence.
Cet homme qui ne parle de ses blessures qu’à la 3ème personne en écrivant sur les enfants a su transformer ses faiblesses en atouts.
Au lieu de l’éloigner des hommes, le drame qu’il a vécu l’a amené à essayer de comprendre : qu’est-ce que l’humain ?
 Après des études de médecine, il devient psy en tout genre (neuropsychiatre, psychologue et psychanalyste).
Puis s’intéresse à l’éthologie c’est à dire à la science des comportements des espèces dans leur milieu naturel.
Aujourd’hui, il est chercheur et enseignant à l’université de Toulon.
Il publie son premier livre «  Mémoire de singes et parole d’homme » en 1983, puis en « Un merveilleux malheur »1999.

Ce livre « Les vilains petits canards »publié en 2001en est la suite, il poursuit son étude sur les traumatismes d’enfants et la résilience c’est à dire la capacité que nous avons à nous remettre de nos blessures (maladie, deuil, viol, guerre, attentats, déportation)
Cette étude  raisonne comme un écho de sa propre histoire, lui-même affirme que « l’objet d’étude que l’on choisit est un aveu autobiographique « « Si je suis psychiatre, c’est évidemment à cause de mon enfance, il faut avoir un compte à régler pour faire ce métier. »

Boris Cyrulnik aurait pu devenir un vilain petit canard mais il a préféré devenir cygne.


La Résilience : définition
A la base, ce terme est utilisé en métallurgie, c'est la capacité interne d'un métal à retrouver sa forme initiale après avoir reçu un choc.
En psychologie, on se sert de cette image pour illustrer la capacité de reprendre un développement malgré l'adversité.
Ici on parle plus précisément des enfants 

Boris Cyrulnik est convaincu qu'un enfant blessé, cad traumatisé, n'est pas condamné à rater sa vie.

Tout le processus de développement peut se remettre en marche qql soit le traumatisme.

Ceci dépend de ce que l’enfant a intégré au cours de son développement.
Une des phrases clés du livre : " Faire naître un enfant n'est pas suffisant, il faut le mettre au monde… Le mettre au monde  implique que les adultes disposent autour de l'enfant les circuits sensoriels et sensés qui lui serviront de  tuteurs de développement et lui permettront de tricoter sa résilience ".

Comment doit s’établir ce  processus ?
Le principe de la résilience n’est pas que tout redevienne comme avant après un traumatisme.
De toute façon c’est impossible : Les enfants qui ont connu la violence, l'abandon, l'orphelinat, la misère ou encore la guerre seront des enfants blessés et des adultes blessés tout au long de leur vie.

Mais ce qui sûr c'est que tout enfant blessé peut tricoter des liens de résilience grâce :
·         A ses ressources internes : c’est la personnalité de l’enfant qui restera gravée en eux toute leur vie et qui est constituée dans les 3 premiers mois de sa vie : il s’agit des informations de tendresse, de chaleur humaine, d'amour ou d'attention (l’enfant se « tricote » avec la propre histoire de ses parents)
·         A ses ressources externes : il s’agit de toutes les mains tendues : un éducateur, un médecin, un parent… Celles-ci sont capitales car souvent (1 fois sur 3) l’enfant n’a aucune ressource interne (n’ayant reçu aucun amour étant bébé il est bien obligé de le chercher chez autrui )

On voit apparaître ici la structure du livre : il est divisé en 2 parties représentant 2 périodes de l’enfance pendant lesquelles se mettent en place les processus de résilience : avant l’acquisition de la parole (constitution des ressources internes) et après l’acquisition de la parole (constitution des ressources externes)
 [..]

LA CHENILLE : LA CONSTITUTION DES RESOURCES INTERNES
Avant de commencer son livre, Boris Cyrulnik écrit une longue introduction dans laquelle  il prépare son propos. L’étude de la résilience doit porter sur trois plans :
L’acquisition de ressources internes
La structure de l’agression
La possibilité de rencontrer des lieux d’affection.
Il a été nécessaire d’évaluer les efforts des coups, il faut maintenant analyser les facteurs qui permettent la reprise d’un type de développement. Il y a encore des personnes qui pensent que la souffrance psychique est un signe de faiblesse, une folie.
Chaque personnalité chemine au cours de la vie, le long de sa propre voie qui est unique. Cette nouvelle attitude face aux épreuves de l’existence invite à considérer le traumatisme comme un défi.
La chenille est une exploration intime, au plus profond, du développement des facultés de résilience- différentes selon les individus.


                              i.        Le temperament

Le mot tempérament a évolué. Anciennement « humeur » chez les grecs ou « émotion façonnée par l’hérédité et l’éducation » chez les révolutionnaires, aujourd’hui, c’est la tendance à développer sa propre personnalité d’une certaine manière- c’est ce que Stern appelle un « affect de vitalité ».

Il se façonne par un assemblage au fil de l’évolution de l’enfant :
->in utero- le bébé va le façonner à l’aide des sensations de sa mère
« Si la mère est stressé pendant la grossesse, l’enfant le sera à la naissance et ainsi de suite…. »
->pendant les premières années
Mémoire des images visuelles et sonores ainsi que la mémoire des récits vers 5 ou 6 ans.
Le tempérament, c’est un comportement, mais c’est aussi un « comment » du comportement, une manière de trouver sa place dans son milieu. L’histoire de la mère, ses relations actuelles ou passées, participe ainsi à la constitution des traits tempéramentaux de l’enfant à naître ou juste né. Avant le premier regard, le premier souffle, le nouveau-né humain est happé par un monde où la sensorialité est déjà historisé.
C’est là qu’il aura à se développer.

En effet, « faire naître un enfant n’est pas suffisant, il faut aussi le mettre au monde » et cette mise au monde va s’élaborer dès les premiers moments de la vie. Au moment de la première rencontre, l’enfant va prendre sa signification pour la mère. Cet enfant réel va se substituer à l’enfant imaginaire du temps de la grossesse.
Cette première interaction mère / enfant dans la réalité va associer l’arrivée du père dans le champ sensoriel du nourrisson. Chaque famille met après en scène son propre scénario : exemples p.63
L’enfant lui-même est un acteur. Son style de comportement dans les premiers jours va directement agir sur le comportement des parents et sur la réponse que vont donner les parents au bébé exemples p56.


                            ii.        L’attachement

L’histoire des parents, leur manière de vivre, leur condition sociale et leur cadre affectif lorsqu’ils accueillent leur enfant vont déterminer la manière dont l’attachement va se tricoter.
Ce concept a été développé dans les années 50 par John Bowlby. L’enfant établit son style relationnel en se rattachant à ceux qui voit les premiers : la famille ou les tuteurs de développement.

Au commencement, l’enfant est ce qu’il perçoit c’est-à-dire sa mère.
Vient alors se greffer le père.
Il forme alors un triangle parental qui sert de cadre de référence au champ sensoriel de l’enfant.
Il y a alors quatre types d’alliances possibles :
·         les familles coopérantes où les trois partenaires jouent leur place, façonnant un triangle sensoriel harmonieux.
·         Les familles stressées où l’interaction est faussée par la crispation d’un des parents ou d’un retrait de l’autre
·         Les familles collusives où l’alliance s’opère au détriment d’un tiers
·         Les familles désorganisées dans lesquelles l’alliance ne peut se nouer.

Dans ce triangle parental plus ou moins cohérent, l’enfant va élaborer sa manière propre de répondre aux signaux émis par les parents ou les tuteurs. C’est ce que Bowlby appelle le Modèle Opératoire Interne (MOI).


La manière dont l’enfant explore son alentour dépend de la façon dont sa mère a répondu à sa quête de familiarité dans les dix-huit premiers mois de la vie.
Cette expérience consiste à faire jouer l’enfant avec sa figure d’attachement, puis celle-ci s’en va. Une personne inconnue rentre alors dans l’aire de jeu. Puis la mère revient.
On renouvelle ce scénario en supposant qui l’enfant a appris que sa mère va revenir.
Il passera alors par plusieurs impressions : sécurité, séparation, présence non familière, retrouvailles
Cette expérience permet de dégager quatre types d’attachement
·         l’attachement sécure : l’enfant, sécurisé par la présence de sa mère sait trouver un substitut sécurisant quand la mère (ou le tuteur) s’en va, un nounours par exemple, et peut créer un nouveau lien de sécurité
·         l’attachement évitant : quand la mère n’a pas acquis la figure d’attachement, son absence néantise le monde sensoriel de l’enfant. L’enfant n’a pas la capacité de trouver un objet substitut ou d’aller en quête d’un nouveau lien affectif.
·         l’attachement ambivalent : produit des enfants peu explorateurs, difficiles à consoler.  Ils ne peuvent établir de relation d’aide que par l’expression de leur détresse
·         l’attachement désorganisé : au cours des dix-huit premiers mois, l’enfant n’a pu établir aucune stratégie de quête affective ou de lutte contre l’angoisse, pas même par des comportements autocentrés (sucer son pouce, se balancer). L’étrangeté qu’il communique désoriente à son tour l’adulte.

Transition
Ces différents types d’attachements peuvent être modifiés à tout moment, sitôt qu’un événement modifie un seul point de l’expérience. Ceci tend à prouver l’importance de la présence d’un tiers bienveillant avec l’enfant et son entourage. Si les tuteurs de développement sont défaillants (mère dépressive, isolée..), d’autres adultes pourront permettre à l’enfant de reprendre son développement.

Le Papillon
Il s’agit de la 2ème partie du livre représentant la 2ème période, c’est-à-dire le moment où l’enfant constitue ses ressources externes auxquelles il pourra faire appel en cas de traumatisme.

1.    Le traumatisme

Pour comprendre la notion de traumatisme, il faut comprendre ce qu’est un tuteur de développement pour Cyrulnik :
Les adultes disposent autour de l'enfant les circuits sensoriels et sensés qui serviront à l’enfant de tuteurs de développement et lui permettront de tricoter sa résilience. Un tuteur est donc une personne, un sentiment…auquel l’enfant pourra s’accrocher en cas de besoin de reconstruction personnelle, c’est-à-dire en cas de traumatisme.


Comment apparaît un traumatisme ?
On peut parler de traumatisme à partir du moment où l’enfant parle : dès qu’un enfant parle son monde se métamorphose. Il doit se représenter ce qu’il a vécu ou ce qu’il vivra.
Avant ce stade, on ne peut pas parler de traumatisme, on peut simplement évoquer un coup ou une altération du milieu qui entrave l’enfant.
Un traumatisme est la mort d’un tuteur de développement. (ex : abandon de l’enfant, donc plus de sentiment d’être aimé, donc l’enfant ne peut plus s’accrocher à ce tuteur : plus d’amour = manque de confiance en soi)
La psychanalyste Anna Freud a expliqué qu’il faut frapper 2 fois pour faire un traumatisme :
·         1 fois dans le réel : c’est l’épreuve, la souffrance, la perte…
·         1 fois dans la représentation du réel et dans le discours des autres sur la personne après l’événement.

2. Surmonter un traumatisme :
Pour comprendre l’effet dévastateur du traumatisme, il faut chercher autant dans le discours social (cad dans le discours des autres) que dans le récit de l’enfant.
Il faut savoir que l’idée que l’on se fait de ce qui nous est arrivé dépend beaucoup du regard des autres (des réactions de la famille, l’accueil de la société…)
Voici ce qui est primordial pour que l’enfant surmonte un traumatisme :
·         l’accueil de la société de façon positive
·         socialiser son récit : pour ne pas délirer, l’enfant doit socialiser son récit, il est contraint de ne pas rester silencieux, et doit arriver à maîtriser la représentation de sa perte (la perte d’un de ses tuteurs) .Ceci peut se faire par le jeu, théâtre, le dessin…
Si aucune de ces 2 règles ne sont appliquées, l’enfant peut s’apaiser momentanément par certains passages à l‘acte comme :
·         délinquance
·         extrémisme
·         impulsions psychopatiques…

3. Conséquences pour un enfant résilient :
Dans son enfance :
Ils utilisent des mécanismes de défense. Le recours au rêve, d'abord. Quand le présent est intolérable, l'imagination d'un autre futur fournit des trésors qui aident à le supporter. Ces enfants-là refusent de faire une carrière de victime, ils s'évadent de façon à laisser la partie saine de leur personnalité agir. Ces enfants ont souvent de grandes capacités intellectuelles. L'intellectualisation est un moyen de se défendre contre la souffrance endurée. Ils deviennent philosophes à l'âge où d'autres jouent à la poupée. Et très vite, les enfants résilients deviennent de grands créatifs, et transforment leur blessure en œuvre d'art pour mettre une distance entre eux et leur traumatisme : ils sont souvent écrivains, comédiens.
Certains se tournent vers les autres, et veulent s'engager socialement (œuvres humanitaires, éducateurs de rue…), ou s'orientent vers de longues études (souvent en psychologie) : ce qu'ils veulent avant tout, c'est devenir l'auteur de leur destin. Ce sont des décideurs parce qu'ils n'ont rien décidé de leur enfance.


Dans sa vie d’adulte :
Pour ces enfants blessés, à l'âge adulte, la principale conséquence, c'est qu'ils perdent confiance en eux. Ils éprouvent une grande difficulté à s'attacher à quelqu'un. Ils ont peur d'aimer et il leur paraît incroyable d'être aimé.
Et c'est logique, étant enfant, ils ont culpabilisé, vu qu'enfant on a beaucoup de mal à distinguer ce dont on est responsable, parce que l'enfant n'est pas encore individualisé. Par exemple, une de mes jeunes patientes m'a dit un jour qu'elle était persuadée d'être responsable de la mort de sa mère, décédée des suites d'un cancer. Bien souvent, ces adultes sont prisonniers du passé ; ils sont obsédés par les images de la blessure, et pratiquent le déni, c'est à dire : " j'ai été battu, mais ce qui m'est arrivé, ce n'est pas si grave ". C'est faux, bien sûr, ça leur permet de ne pas se placer en victime, mais ça ne suffit pas à dépasser le problème.
Enfin, ces adultes sont victimes du regard social qui génère le sentiment de honte, du genre : " tu as été violée, tu es souillée et du coup tu vaux moins que les autres ", cette souffrance interne de honte, ce sont les autres qui la provoquent.


CONCLUSION

La résilience n’est donc pas un vaccin contre la souffrance mais c’est un processus, un chemin à effectuer. Une trop bonne adaptation face à un traumatisme n’est pas une preuve de résilience. Ce que l’auteur cherche aussi nous démontrer c’est aussi qu’un enfant martyre ne deviendra pas forcément un parent qui tapera ses enfants et qu’un enfant violé ne sera pas un violeur systématiquement


7 commentaires:

  1. Réponses
    1. A tu vois!! 😉 coucou July!
      Ce livre devrait t'intéresser au passage. Si tu le veux en espagnol j'ai le pdf :-)

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  2. Nous sommes tous à un degré ou à un autre résilient et Cyrulnik a raison, il n'y a pas forcément de fatalité. C'est tellement ça : « Le résilient dit oui à la vie, là où la vie lui a dit non » Boris Cyrulnik Merci pour ce splendide partage :-D Bisous

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  3. J'avais beaucoup apprécié la lecture de cet ouvrage pendant notre attente !

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  4. Et moi qui pensais avoir fait la découverte lecture du siècle jijiji
    J'adore sa pensée positive, et il vient de mes terres (un point en plus :-) )
    Bises !!

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    1. Je pense que je vais le relire maintenant que Petit Pain d'épices est à la maison : ) Merci de m'avoir rappelé cet ouvrage ; )

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  5. Je ne connaissais pas alors je viens de me le commander ! Merci pour le partage

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