La
lettre originale est de Kathy Lynn
Harris sur http://www.kathylynnharris.com/dear-moms-of-adopted-children/, qui l’écrit après avoir lu celle Lea Grover de http://www.huffingtonpost.com/lea-grover/dear-less-than-perfect-mom_b_3184445.html
Cette
lettre a fait le tour des cercles d’adoptions, en langue anglaise puis
quelqu’un l’a traduit à l’espagnol et donc a refait un tour … je n’ai pas
trouvé la version française donc je me lance. Pour la version espagnole, tu
peux la trouver chez Cris.
La traduction n’est pas littérale, j’ai ajouté des tous petits éléments, je n’ai
rien enlevé.
Bonne
lecture :
« Chère
mère d’un enfant adopté,
Je t’ai connu dans un cours de formation pour
l’adoption. Je t’ai croisé à l’agence. Je t’ai vu dans la classe de mon fils.
Je t’ai vu sur un forum, un blog ou un groupe virtuel. Je suis venue te parler
délibérément. Mais aussi je suis tombée sur toi par hasard.
Ce n’est
pas important. Ce qui est
important et que je t’ai reconnu de suite. J’ai reconnu la ténacité obsessive. Le courage. La lutte. Parce que tu avais pris une décision et
rien dans ton parcours n’était facile. Tu es le style de femme à ne pas se
laisser faire. Tu as atteint ton but tant bien que mal, tu as réussi à former
ta famille.
Peut-être
as-tu prié Dieu pour cela. Peut-être as-tu du convaincre ton mari que c’était
le chemin adéquate. Peut-être fais-tu la démarche seule. Peut-être des
personnes t’ont dit que tu te contentes de ce que tu as. Peut-être des
personnes t’ont dit que ton destin n’était pas d’avoir un enfant qui est
maintenant à tes côtés. Peut-être quelqu’un d’avertit du parcours de l’ami du
voisin de son cousin. Peut-être l’as-tu ignoré.
Peut-être
que cela fait des années que tu y penses. Peut-être as-tu eu l’opportunité.
Peut-être y as-tu mis toutes les économies que tu avais. Peut-être que c’était
ta première option de famille. Ou peut-être pas.
D’une
manière ou d’une autre, je te reconnais. Je vois comme tu t’agites et te
préoccupes. Quelques fois
avec trop de force. Mais
c’est comme ça qu’il faut faire, non?
Je sais
la quantité de livres que tu as lu. Ceux que tout le monde lit, les meilleurs
ventes et les livres à la mode… mais encore beaucoup plus. Ceux qui traitent
sur les problèmes d’attachement, sur l’allaitement des enfants adoptés, sur les
enfants qui naissent avec une addiction à l’alcool, à la cocaïne, à la
méthadone. Les livres sur le retard de maturité, sur les retards de langage.
Sur les centres d’aides et de conseils, de stimulation précoce, les impôts, les
mutuelles, les papiers, les processus, les pours et les contres de l’adoption
simple ou plénière, sur les réglementations et les lois.
Je sais
ce que sont les empreintes digitales, les tests psychologiques, les certificats
de revenus spécifiques à l’adoption, les entretiens, les lettres de
motivations. Je connais les (nombreuses) formations qui existent. Je connais la
frustration que produit la paperasserie bureaucratique sans fin. Les heures à
programmer les rdv, à faire des estimations, organiser des campagnes et faire
des comptes pour réunir l’argent.
Je sais
que tu n’as jamais perdu de vue ton objectif. Ou peut-être tu vas eu des
moments de désespérassions et envie de tout laisser tomber.
Je sais
ce que tu as ressentis quand tu as reçu l’appel magique : cette adrénaline
qui est montée en toi. Et le coup de moral en berne en se rappelant que les
choses peuvent se tordre et tomber à l’eau. Les préoccupations médicales. Les préoccupations
d’une maman.
Peut-être
en as-tu parlé à ta mère et quelques amis intimes. Peut-être l’as-tu crié au
monde entier. Peut-être as-tu déjà décoré la chambre de bébé, acheter la
poussette ou le siège bébé. Peut-être as-tu acheté une couverture toute douce,
juste une, et tu dors avec depuis.
Je connais
les visiter des assistantes sociales chez toi. Je sais que tu as passé la nuit antérieure
à nettoyer et ranger comme une folle. Je sais que tu as brulé le gâteau que tu
avais prévu et qu’au moment où ils ont sonné, tu finissais de te maquiller. Je
sais que tu as pensé que finalement ce n’était pas nécessaire de faire tout ça,
car ils n’ont rien regardé.
Je sais
que tu as eu des visites de control, quand cela faisait trois semaines que tu
ne dormais pas parce que ton bébé avait des coliques. Je sais que tu voulais
démontrer que tu avais tout sous control, que tu pouvais tout gérer, retourner
au travail et travailler des heures extra le soir. Tu es peut-être sans arrêt
maternité, sans une famille qui t’aide, sans les ballons et les fleurs de
bienvenue.
Je t’ai
vu dans beaucoup de pays, sur des terres lointaines, dans des hôtels sales, en
prenant des jours de congés au travail, luttant pour comprendre exactement ce
que l’on te promettait ou pas. Luttant pour donner tout ton amour à ce petit
être qui est désorienté et apeuré. Attendre, désirer, rencontrer, aimer, voyager,
accueillir, rentrer à la maison.
Je t’ai
vu attendre à la porte de l’hôpital quand ton bébé naissait, essayant de
trouver ta place dans la situation. J’ai vu ton visage que tu as entendu une infermière
susurrer à la mère biologique qu’elle pouvait encore changer d’avis et le
garder. J’ai vu comme tu démontrais tout ton respect, patience et compassion à
la mère biologique dans ces moments.. alors que tu te mordais les lèvres et
fermer les yeux et les points, sans savoir si elle changerait sa décision, si
tout n’avait qu’été un rêve avec un final de cauchemar dans cet univers stérile.
Sans savoir si c’était ton merveilleux moment. Ne sachant presque rien.
Je t’ai
vu regarder le bébé dans les yeux, te demandant s’il était vraiment à toi et si
tu pouvais te tranquilliser suffisamment pour l’emporter avec toi.
Et donc
tu as emmené ton bébé dans tes bras, à la maison, cette première nuit. Avec ses
petits doigts dans les tiens. Avec son petit cœur battant près du tien.
Je
connais cette sensation. Bonheur parfait et plein d’espoir.
Je
connais aussi le jour de l’adoption. Le stress de cette matinée, le juge, les
formalités, le soulagement, la joie. Lâcher un soupir que peut-être ne savais-tu
pas que tu retenais depuis des mois. Des mois. Des années.
J’ai vu
comme tu as connus les parents et familles biologiques des semaines ou années
après. Je t’ai vu comme tu partageais ton fils avec ces inconnus qui ont les
mêmes caractéristiques physiques. Ces gens qui l’aiment parce qu’il est un des
leurs. J’ai vu comme tu le prends dans tes bras les nuits après ces visites,
quand il est tout retourné et perdu, et qu’il veut uniquement serrer fort sa
peluche et appuyer sa tête sur ton épaule.
J’ai vu
ta préoccupation dans ton enfant rentre de l’école avec comme devoir le dessin
de son arbre généalogique. Ou quand on lui demande d’amener des photos de son
papa pour comparer les traits qu’il a hérité. Je sais que tu t’inquiètes pour protéger
ton enfant de beaucoup de choses.. mais tu ne peux pas le protéger dans un
monde tellement habitué à valoriser l’homogénéité.
Je t’ai
vu en consultation médicale, en remplissant l’historial médical et en laissant
des blancs, des points d’interrogations, espérant que ces espaces ne se
transforment pas en problème dans le futur.
Je t’ai
vu répondre à des questions complexes, aux questions qui viennent du pourquoi,
comment, avec qui, où. Pourquoi, maman ? pourquoi ?
Je vu que
tu te demandais comment tu allais réagir la première fois que tu entendras « tu
n’es pas ma vraie mère ». J’ai vu comme tu accusais le coup quand arriva
la phrase, en conservant le calme et la douceur, jusqu’à ce que tu puisses t’échapper
en t’enfermant dans la salle de bain et pleurer en étouffant le son avec le
bruit de la douche.
Je t’ai
vu avoir honte dans quelqu’un disait à ton fils qu’il avait de la chance d’avoir
été adopté. Parce que tu sais que c’est toi qui est chanceuse de l’avoir
adopté.
Mais,
avant tout, je veux que tu saches que j’ai vu que quand tu plonges
ton regard dans le sien, tu n'y vois pas le reflet de tes propres yeux, mais
quelque chose d'aussi puissant : celui de l'amour inconditionnel et immense que
tu portes à cet être, qui grandit au milieu de tes rires et de tes larmes, et
dont la perte serait pire que de te perdre toi-même."
C'est tellement beau et touchant cette lettre ♡ je te remercie de l'avoir traduit pour nous, c'est très gentil
RépondreSupprimerJe t'embrasse
Manon
J'ai lu la lettre en anglais il y a quelques mois et elle m'a mis les larmes aux yeux mais en particulier pour la dernière phrase de l'article que je ne traduirais pas comme toi mais comme dans le lien en espagnol que tu as mis en référence également :
RépondreSupprimer"Quand tu plonges ton regard dans le sien, tu n'y vois pas le reflet de tes propres yeux, mais quelque chose d'aussi puissant : celui de l'amour inconditionnel et immense que tu portes à cet être, qui grandit au milieu de tes rires et de tes larmes, et dont la perte serait pire que de te perdre toi-même".
Je te souhaite de ressentir cela le plus tôt possible !
Bises
Virginie et ses trésors
Effectivement je préfère ta traduction ! Je l'ai "piqué" :-) merci!
SupprimerBisous à toi et à tes trésors