Inutil de te rappeler que je suis fan de Johanne Lemieux, travailleuse sociale, psychothérapeute, conférencière, animatrice, auteure québécoise.
A plusieurs reprises j’ai publié des extraits de ses livres / écrits (ici), et aujourd’hui je vais le faire encore. C’est un peu long, mais très intéressant… Alors je l’ai coupé en différentes parties: La normalité adoptive et les 12 clés pour comprendre les enfants et ados ado(ptés); les causes de cette “normalité”; les différents types d’attachement (avec quelques conseils en prime). Le pdf complet: http://www.adopte.ch/francais/divers/Johanne_Lemieux_2012-04-19.pdf
Aujourd’hui le thème de la préparation de l’entourage est sorti lors d’une rencontre très intéressante (je reviendrai sur “aujourd’hui” sous peu!), et je viens de voir que J.Lemieux avait un libre prévu pour automne 2014 sur le sujet mais je ne trouve rien.. ses plans ont dû changer – tu en sais quelque chose??
A plusieurs reprises j’ai publié des extraits de ses livres / écrits (ici), et aujourd’hui je vais le faire encore. C’est un peu long, mais très intéressant… Alors je l’ai coupé en différentes parties: La normalité adoptive et les 12 clés pour comprendre les enfants et ados ado(ptés); les causes de cette “normalité”; les différents types d’attachement (avec quelques conseils en prime). Le pdf complet: http://www.adopte.ch/francais/divers/Johanne_Lemieux_2012-04-19.pdf
Aujourd’hui le thème de la préparation de l’entourage est sorti lors d’une rencontre très intéressante (je reviendrai sur “aujourd’hui” sous peu!), et je viens de voir que J.Lemieux avait un libre prévu pour automne 2014 sur le sujet mais je ne trouve rien.. ses plans ont dû changer – tu en sais quelque chose??
Je m’éloigne comme souvent du sujet… retournons à La normalité adoptive:
Les enfants adoptés ne se situent pas dans la même catégorie que les enfants biologiques = catégorie «modèle de base»; ils ne font pas partie non plus d’une catégorie « anormal pathologique ». Ils se situent dans une catégorie « modèle de base + options supplémentaires » avec des besoins spécifiques et ils nécessitent un entretien plus sophistiqué.
Tous les enfants ont des particularités. Mais seul 10% des enfants biologiques ont des besoins sophistiqués, alors que 100% des enfants adoptés en ont (= «normalité adoptive»). Avec les bons outils (savoir-être et savoir-faire), 70% des enfants adoptés pourront atténuer ces besoins spéciaux une fois adultes, sans pour autant les évacuer puisqu’ils font partie d’eux.
La normalité adoptive est peu connue, même par les adoptés eux-mêmes. Il est important de la comprendre pour mieux la «célébrer». Les parents n’ont pas une obligation de résultat, mais une obligation de moyens (devoir de s’informer, de savoir et d’agir en conséquence). Les connaissances sur la normalité adoptive sont récentes et on ne peut plus faire comme si elles n’existaient pas : "On ne sait pas ce qu’on ne sait pas et quand on sait mieux on fait mieux" (Maya Angelou).
Souvent, les enfants adoptés souffrent autant si ce n’est davantage de blessures de déception que de blessures d’abandon : «j’ai dû décevoir pour être abandonné». Et si les parents adoptifs sont déçus, l’enfant est à nouveau en situation d’échec : «j’ai à nouveau déçu».
12 clés pour comprendre les enfants et ados ado(ptés) :
Ce sont les 12 particularités ou paramètres qui caractérisent la «normalité adoptive».
1. Incroyable survivant
Il faut dire aux enfants adoptés qu’ils sont des survivants incroyables qui méritent de
l’admiration. Notre courage n’est rien face à leur courage. Car l’enfant n’a pas fait un naufrage dans sa vie, mais des dizaines (d’où la difficulté à faire confiance aux adultes). Et la résilience n’est pas sans séquelle.
2. Entretien sophistiqué
Il est impossible de transformer un enfant à entretien sophistiqué en enfant à entretien «modèle de base». Il faut trouver, pour chaque enfant, de quel entretien il a besoin et s’ajuster (surtout à son arrivée dans la famille adoptive, puis à chaque changement dans sa vie).
3. Abandonnite aiguë
C’est un «empoisonnement» psychique inconscient, post-traumatique (manque de soins, négligences qui laissent des traces).
L’abandonnite se déclenche devant des situations de rejet ou d’examen qui réveillent en l’enfant le sentiment de déception, d’échec (réveille en lui son premier examen manqué: l’abandon).
Cela conduit à des enfants dans l’hyper performance (être le premier) sinon «je ne suis rien».
A l’adolescence, on sera particulièrement attentif à la première peine d’amour, où l’enfant vit le rejet. Pour lui, la douleur du présent s’ajoutera à celle du passé (bébé abandonné).
4. Affect en montagnes russes
Les enfants adoptés ont été constamment dans les émotions de protection de la vie (colère, peur, tristesse, dégoût) et non dans les émotions d’amélioration de la vie (amour, tendresse, joie, plaisir, curiosité). Ce qui les conduit à surdéclencher les émotions de protection de la vie (leur cerveau est formaté). Ils vivent leurs émotions intensément: la colère (violente) est l’émotion la plus précieuse pour eux ; elle masque souvent les autres (tristesse, honte).
Les parents adoptants doivent à la fois montrer «je n’ai pas peur de tes émotions» et décrasser les émotions d’amélioration de la vie.
5. Attachement difficile
Il ne s’agit pas d’amour, mais d’un réseau «Wifi» entre l’enfant et le donneur de soins.
Lorsqu’un bébé biologique appelle, il a une réponse (apaisement). Le message qu’il enregistre est: «je suis capable d’influencer mon entourage». C’est un Wifi sécurisé: «je fais confiance jusqu’à preuve du contraire». Il est ensuite capable d’établir des liens avec les autres (camarades, etc.). Pour l’enfant adopté, le Wifi est non sécurisé: «je me méfie jusqu’à preuve du contraire». Le lien de confiance doit se refaire avec chaque nouvelle personne. Chaque nouvelle figure d’attachement ou d’autorité est un nouveau capitaine de bateau à tester.
L’enfant adopté adolescent teste le lien d’attachement 4x plus qu’un enfant «modèle de base».
Les parents adoptants ne doivent pas le prendre personnellement. Ils doivent se montrer solides, rester un capitaine de bateau fiable (si le capitaine n’est pas solide, il se fait attaquer).
6. Mauvaise gestion du stress
C’est une réponse physiologique. Les hormones de stress sont toxiques pour un cerveau en développement. Or les enfants adoptés ont vécu des stress à répétition étant petits. Ils ont mariné dans les hormones de stress comme des cornichons dans du vinaigre! Ils éprouvent donc des difficultés à s’apaiser eux-mêmes (problèmes d’endormissement, etc.); il faut le leur apprendre : rééducation à l’apaisement.
7. Développement incomparable
Les enfants adoptés présentent un décalage entre leur âge chronologique et leur âge
comportemental (décalage entre les deux maturités). La dimension affective et émotionnelle s’est développée très lentement. Il faut donc donner à l’enfant ce dont il a besoin sur chacun des plans (différencier).
8. Scolarité complexe
La scolarité est souvent difficile car: problèmes de maturité affective, malnutritions…On compte 20 à 25% de problèmes de scolarité chez les enfants adoptés, contre 10% pour les «modèles de base».
9. Estime de soi fragile
Les enfants adoptés ne font pas la différence entre ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Leur estime d’eux-mêmes est fragile (ils doutent constamment qu’ils ont de la valeur). Au lieu d’avoir une culpabilité assumée de leurs actes : « j’ai fait quelque chose de mauvais », ils se sentent coupables : «je suis mauvais» (= honte profonde). Il faut les rassurer sur ce point : « tu es super, mais parfois tu ne choisis pas bien ».
Contrairement à l’enfant biologique (1000x je crie --> ils viennent; 1000x je suis charmant --> ils restent), l’enfant adopté peine à penser qu’il peut influencer (positivement) son entourage par son comportement. Sa préoccupation majeure est «je suis responsable de mon abandon».
Il peine à regarder dans les yeux (peur qu’on voie quelque chose de mauvais en lui, puis qu’on l’abandonne ou le rejette). Les enfants adoptés n’ont pas été regardés dans les yeux étant petits, ils n’ont donc pas « entendu»: «tu es précieux, important, unique».
A la question : «pourquoi j’ai été abandonné?», l’enfant à besoin d’entendre : «tu n’as rien fait pour qu’on t’abandonne, ce n’est jamais de la faute du bébé».
10. Identité en courtepointe (ou patchwork)
De nombreux enfants adoptés présentent des différences physiques avec leurs camarades «modèle de base» (couleur de peau, etc.). Dans la communauté blanche ils sont considérés comme un «noir» et dans la communauté noire ils sont considérés comme un «blanc dedans». Ce qui les conduit à une crise d’identité et d’appartenance.
A l’adolescence, les enfants adoptés veulent être comme les autres. C’est seulement parfois à la fin de l’adolescence qu’ils s’intéressent à la culture de leur pays d’origine.
11. Anxiété devant transition et changement
Un petit changement leur paraît énorme. Les basculements qu’ils n’ont pas envie de revivre ont toujours commencé par un petit changement. Les enfants adoptés ont besoin de stabilité.
Stabilité de lieu, stabilité de personne, stabilité de routine et stabilité de repères.
12. OMNI
C’est un Objet Manquant Non Identifié. « J’ai l’impression qu’il me manque quelque chose (vide, absence), mais je ne sais pas ce que c’est ».
Seul l’enfant peut combler ce petit trou, ce vide. Et c’est seulement une fois adulte qu’il pourra peut-être y arriver (en devenant lui-même parent par exemple). Ce vide est plus large que de renouer avec ses parents biologiques.
Il faut considérer cet OMNI (empathie), l’accueillir comme réel pour que l’enfant puisse le combler: «c’est normal d’avoir un petit OMNI». «Et ce n’est pas en retrouvant ta maman biologique, en mangeant du chocolat ou en faisant du shopping que tu pourras le combler ».
Ce n’est pas nous (parents adoptifs) qui l’avons créé non plus; nous ne pourrons pas le combler.
Avec le temps, ces 12 particularités (= normalité adoptive) s’estompent. L’adoption est une réparation formidable, mais elle ne doit pas être vécue comme un rattrapage pour parvenir au «modèle de base». Les enfants adoptés porteront toujours en eux leurs spécificités, et c’est normal ainsi!
Johanne Lemieux est LA référence que je lis et relis encore maintenant :-D Bisous et merci de cette piqûre de rappel !
RépondreSupprimerJ'adore Johanne Lemieux, son livre est vraiment complet et très très intéressant ♥
RépondreSupprimerBisous
Manon
Merci pour cette piqûre de rappel.
RépondreSupprimerCela me fait du bien de relire cela ce matin.
J'ai hâte que les douanes chinoises nous autorisent la livraison de notre déménagement pour que je remette la main sur mon livre de chevet (entre autres) !
Bisous
Virginie
Si tu vas sur ce site, tu peux t'inscrire pour être informée des nouveautés concernant Johanne Lemieux (sortie de livre, articles, conférences, etc... ) http://www.quebec-amerique.com/johannelemieux/
RépondreSupprimerBon week-end
Lina
Je me suis inscrite, merci 😊
SupprimerMoi aussi j'adore cette auteure!
RépondreSupprimerVous auriez des recommandations pour la préparation de l'entourage dans cette lignée?? Chez elle il n'y a pas..