vendredi 7 août 2015

La dépression post- adoption

Ce matin mon amie E., elle aussi sur le quai de la gare Adoptie direction Pologne, m’a passé un article intéressant sur la dépression post- adoption. J’ai eu envie de te le traduire, car c’est un sujet encore tabou mais indispensable d’être connu / reconnu par les parents adoptifs, leurs familles mais aussi la société en général. Article en espagnol : http://www.cometelasopa.com/%c2%bfexiste-la-depresion-post-adopcion/


Ma traduction n’est pas littérale, j’y ai ajouté des éléments qui m’ont paru intéressants (mais je n’ai rien éliminé)


Qu'est-ce que la dépression post- adoption ?
La dépression post-partum est reconnue depuis longtemps comme normale et peut se produire dans une grossesse normale. On en parle ouvertement et est comprise à la fois par les médecins et par les gens en général. Les causes sont claires et attribué à des changements hormonaux et au bouleversement familial.
L’attitude générale face à la dépression post-partum est bonne, elle se comprend et encore plus important, on peut en parler. 
Mais que se passe-t-il avec le syndrome de Dépression post Adoption (DPA) , un terme inventé par June Bond .
De celui-là, personne n’en parle. Et les familles souffrent en silence.

Caractéristiques de la dépression post- adoption
En cas d'adoption, les enfants ne sont généralement pas les nouveau-nés et ont donc derrière eux une histoire d'institutionnalisation et d’abandon. Souvent, ils doivent s'adapter non seulement à leur famille mais à une autre langue et la culture ... etc. Ce qui donne une dimension supplémentaire à la possibilité que sa mère souffre de DPA.
Les quelques études qui ont été faites sur ce sujet montrent que le pourcentage de parents qui souffrent est très élevé. Pourquoi?
La plupart des parents adoptifs passent des années à essayer d'avoir un enfant à élever. Les échecs, les longueurs de procédures, les rêves et les désirs peuvent causer des attentes irréalistes quant à ce qui va vraiment être un parent. Ils ne sont pas généralement préparés pour la douleur qu'ils ressentiront lorsqu'ils seront confrontés à leur fils réel  en comparaison de l’enfant rêvé. Les nouveaux parents peuvent se sentir coupables au sujet de ses émotions ambivalentes, pleines de ressentiments ou même ressentir de la colère envers cet enfant.
Croire en un lien instantané ou l'amour à première vue, est irréaliste. La passion et l'euphorie initiale cède ensuite la place au processus lent et souvent difficile de l'ajustement à la présence quotidienne d'un autre être humain. Cela prend généralement deux à six mois pour ressentir un réel sens de lien se créant.
Sans y être préparé, ni ayant un soutien de l’entourage, les nouveaux parents adoptifs essaient d'arrêter de penser sur le sujet, sans demander de l'aide. Beaucoup craignent que si ils/elles expriment leurs problèmes à un travailleur social ou un psychologue (la même personne qu’ils ont dû convaincre qu’ils seraient les parents excellents), ils douteront de leur capacité en tant que parents.
Par conséquent, une situation compliquée devient encore plus difficile en raison du manque de compréhension et de soutien.
Et dans de nombreux cas, il faut également ajouter aussi l'incompréhension de la famille et de l’entourage qui ne comprend pas pourquoi les parents ne se sentent pas totalement heureux maintenant que leur rêve est réalisé. Généralement après des années d'attente pour des problèmes d'infertilité. 
Une situation complexe se fait alors encore plus douloureuse à cause de l’incompréhension et du manque de soutien (et reconnaissance du problème). 
Il faut garder à l'esprit que les familles adoptent des enfants qui ont subi les effets de l'institutionnalisation, de l'hospitalisation, de l'abandon et de la négligence de toutes sortes. Souvent ces enfants ont des besoins académiques, émotionnels, neurologiques et médicaux spécifiques. [Garde en tête les enseignements de la Normalité Adoptive de J.Lemieux]. 
Si à tout cela nous ajoutons le stress du voyage, l’excitation, les peurs, la non-expérience parentale, les difficultés de communication, l'arrivée et la rencontre dans le pays d'adoption, la pression du jugement, des travailleurs sociaux locaux, le manque de sommeil et le choc culturel, il est facile de comprendre que cette frustration potentielle, d'impuissance et préoccupations est très élevée. En résumé, le terreau idéal pour le début d'une dépression.
Lignes directrices pour aider à la dépression post-adoption
Ces lignes directrices générales aident à la fois dans la première période après la naissance et après l'adoption
- Le premier et le plus important de savoir ce qu’est la dépression post-adoption, savoir que nous pourrons en souffrir mais que c’est une situation normale.
- Au retour du voyage, assure-vous que vous avez le temps de «faire le nid ».
- Ne te sens pas coupable de garder les visiteurs à distance pour les premières semaines. L'exception doit être quelqu'un proche qui t’aidera dans les gestions quotidienne (courses, ménage), te permettant ainsi d’avoir le temps à consacrer à votre enfant et de commencer le processus de lien.
- Essayez d'allonger le congé maternité au maximum.
Dors au maximum et fait de l'exercice.
- Si tu es célibataire ou que le conjoint ne peut pas aider [ce qui n’est pas idéal pour que le conjoint crée son lien…], trouve quelqu'un pour t’aider. Cela te permettra de te détendre, faire l’essentiel (documents pour formaliser l’adoption, control médical de l’enfant, etc) ou tout simplement prendre soin de toi et de ton enfant.
- Tes nouvelles responsabilités en tant que père / mère font souvent tu deviendras plus incompétents dans d'autres domaines de ta vie ... Ne te sens pas coupable si la maison n’est pas impeccable ou les repas sont assez basiques. On ne peut pas être à 100% partout.
- Prépare-toi à mettre presque tous les aspects de votre vie sur «pause» jusqu'à ce que tout se mette en place. 
Rappelle-toi que connaître et être préparer pour la DPA est la clé pour surmonter et de raccourcir ce passage. Il est aussi bon de partager ces " sentiments mitigés " que nous pouvons avoir avec d'autres familles qui sont passés par le même processus. Le fait d’en parler fera tomber le tabou, chez toi et/ou dans les autres familles. Il ne faut pas hésiter à exprimer ces peurs, ces sentiments, à des personnes qui connaissent cette situation car soit elles sont passées par là soit ceux sont des professionnels. Parler pour démystifier, parler pour se sentir plus légères, plus « normal », parler pour trouver des solutions. Parler pour ne pas tomber dans un gouffre sans fond de dépression.
À lire, à personnaliser et offrir à la famille proche et amis :http://looking4ourchild.blogspot.co.uk/2015/02/lettre-aux-grands-parents-jlemieux.html

9 commentaires:

  1. Je te remercie pour cet article ♥

    Bisous et bonne fin de semaine

    Manon

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  2. Bonjour,
    nous avons eu une grande réunion au niveau de notre conseil général et l'arrivée de notre futur enfant n'a pas été idéalisé. Ca fait du bien de s'entendre dire qu'on sera fatigué comme les parents, qu'il y avait besoin de temps pour créer l'attachement etc ...
    J'ai lu les conseils et me dis qu'en ce sens nous avons bien été préparé. Je sais pas on doit être à 25h d'entretiens avec les services sociaux ... C'est bien , même si on se sent titiller avec des questions ou qu'il faut reformuler pour se faire comprendre, ils nous font devenir parents adoptifs.

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    1. Pour décrocher l'agrément nous avons eu 4 séances de 4 heures de formation, puis une 12ene d'heures d'entretien : 30h qui nous ont vraiment été utiles, où nous avons réalisé que nous avions bcp a apprendre, à démystifier, et confirmer notre projet..
      Maintenant nous avons les pieds et la tête sur terre, mais notre cœur sur un petit nuage...
      Depuis l'agrément j'essaie d'assister aux réunions de notre OAA, et la blogosphère aide bcp
      Bisous guapa!

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  3. Bonjour, bravo pour ce post sur un sujet dont on parle peu. Pendant l'attente, on se prépare par rapport aux réactions de l'enfant, à son vécu à lui mais perso je suis arrivée à la rencontre épuisée par une trop longue attente à rebondissements et donc ça a été difficile pour moi les premiers mois. On passe d'une vie à 2 que l'on connait bien à l'accueil d'un "petit-grand" (pour nous) qui demande beaucoup beaucoup beaucoup et avec lequel on ne sait pas trop s'y prendre . Même si on a lu tous les bons bouquins et participé à tous les groupes d'échanges. Je me suis sentie très destabilisée en tant que personne, passant du statut de "femme" à "Maman puissance 10 et 24h sur 24". Certes, nous le souhaitons toutes, mais en même temps, c'est un vrai séisme de passer de couple à famille. Je souhaite à toutes les mamans en attente de vite franchir ce cap car une fois cette étape déstabilisante passée, c'est merveilleux même si le métier de maman est le plus exigeant et nécessite le + nde remise en question.
    Marie

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    1. C'est sûr que cela une révolution familiale pour les 3!
      Je suis sûre que je serai perdue et déstabilisée pour un bon moment.. Il faut s'adapter et s'adopter petit à petit. Mais comme on est des mamans 10 on fait au mieux et ça sera forcément bien 😊 , enfin j'espère

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    2. Bien sur, nos histoires de rencontre avec nos enfants sont formidables même si les débuts sont tumultueux. J'adore toujours entendre "Maman !" quand je vais le chercher à l'école. Marie

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  4. Je cherche des blogs ou histoires de parents qui ont des adoptés ados. Est ce votre cas

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    1. Non Cris.. si vous lisez le dernier post du blog vous verrez que nous avons abandonné le processus ..
      Nous avions un agrément pour 0-4ans

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