samedi 27 juin 2015

Normalité adoptive (3/3)

Voilà le dernier "chapitre" promis:

Les ados ado(ptés)

• Ils ont des options supplémentaires

• Ils sont dans la normalité adoptive

• Sumo ? Solo ? Velcro ?

Ce sont trois styles d’attachement.

 

Le solo (style d’attachement évitant): un enfant arrivera dans la relation adoptive avec un modèle opérationnel interne de type évitant. Il aura appris que pour survivre, vaut mieux se débrouiller tout seul (« je règle mes problèmes moi-même », « l’enfer c’est les autres »). Il va sembler nous ignorer, être très ou trop autonome et avoir une relation très utilitaire avec nous. Il semblera sans affect, c’est-à-dire sans grande émotion, alors qu’en dedans, il sera très souffrant (triste). L’enfant solo attend que l’autre devine ce dont il a besoin (= attitude de nouveau-né). Devant le stress, il se retire. « Non » = rejet.

 

Le velcro (le résistant-anxieux): un enfant avec, au départ, un modèle opérationnel interne de type résistant-anxieux va s'accrocher désespérément à nous comme un bébé koala dans la fourrure de sa mère. Il «perd» parfois le contrôle de ses émotions : peur, angoisse, crise de nerfs. Les enfants velcro, ont besoin d’être rassurés, ce sont des gens serviables, gentils, mais collants: très anxieux. Ces adultes ont une pauvre estime d'eux-mêmes, syndrome de l’imposteur. Devant le stress, ils s’accrochent.

 

Le sumo (le résistant-ambivalent et, dans les cas extrêmes, le désorganisé): un enfant avec au départ un modèle opérationnel interne de type résistant-ambivalent sera impulsif, violent, très opposant avec beaucoup de crises de colère. Il dérégulera ses affects avec rage, violence envers lui-même et/ou les autres. Les enfants sumo ont un attachement ambivalent, stressé, maladroit. Ces adultes veulent que les gens pensent qu’ils sont invulnérables: si on s’éloigne, ils se rapprochent, si on se rapproche, ils s’éloignent. Devant le stress, ils se mettent en colère.

Attention: chaque style ou type d’attachement peut se manifester avec beaucoup de

nuances.

 

• Se détacher sans être totalement détaché

Il faut comprendre que l’enfant est confus. Les parents doivent être le filet en dessous du funambule. Il ne faut pas lui donner le pouvoir de choisir nos émotions, il a besoin de parents solides (rester solide malgré la tempête) : «T’es pas ma mère», «Tu as le droit de ne pas m’aimer aujourd’hui (de ne pas te sentir mon enfant), mais tu n’as pas le pouvoir de faire que je ne t’aime pas (tu ne peux pas changer mon amour pour toi)». L’amour est un cadeau qui ne s’impose pas.

 

Il faut croire en l’enfant, mais pas toujours à ce qu’il dit. Entendre ce qu’il exprime, mais ne pas s’arrêter aux mots qu’il utilise.

 

• La révolte sur un plateau d’argent

Ça arrive toujours un jour. Les ados adoptés n’ont pas besoin de chercher des formules provocantes telles que «vous êtes vieux jeu»; il leur suffit de dire «vous n’êtes pas mes vrais parents». Il faut rester un parent solide: « je n’ai pas peur de tes émotions».

 

• Laisser voguer les enfants vers le monde adulte sans tout démolir

Pour un enfant biologique, le lien de sang ne se discute pas. Les enfants adoptés testent le lien d’attachement et, à la majorité, le lien légal (seul lien qui unit parent et enfant): «est-ce que quand je serai majeur, mes parentsvont encore s’occuper de moi?».

Pour eux, inconsciemment, il faut qu’une séparation se passe mal (départ aux études par exemple): «Tu n’as pas besoin de saboter notre relation, notre attachement, pour te séparer. Tu vas avoir ton appartement ; je reste là pour toi».

 

• Les limites de la réparation

Les parents adoptifs doivent accepter qu’ils ne peuvent pas tout réparer. On ne peut pas dire «je veux qu’il soit heureux», cela ne s’impose pas. Il faut laisser partir l’enfant en restant disponible.

 

 

• Les 3P pour rester fort

En tant que parent, il faut :

1) prendre soin de soi (chaque jour : faire 5 choses pour soi, 5 choses pour l’enfant)

2) prendre soin de soi

3) prendre soin de soi

 

 

Remarque

L’attachement se fait souvent plus vite, plus facilement, avec le papa. C’est normal, car:

 

1) Par nature, la maman est le «camp de base». Elle porte son enfant, puis le protège

(assure la survie du bébé). De son côté le papa intervient plus tard, quand l’enfant est

déjà plus grand ; son rôle est de l’emmener découvrir le monde.

 

Lorsque l’enfant adopté arrive (à quelques mois ou années), il est en âge de «découvrir le monde». Le papa adoptif entre donc tout de suite dans son rôle naturel.

 

De son côté, la maman doit non seulement faire le «deuil» de la maternité, mais il lui manque en plus «l’outil» d’attachement qu’elle n’a pas pu construire avec l’enfant bébé.

 

2) De plus, la maman adoptive est face à un enfant qui a déjà connu l’échec avec sa

maman biologique et qui se méfie.

 

Il revient au papa d’expliquer cette situation à l’enfant.

 

Et en prime, une interview toute fraîche de J.Lemieux: 


5 commentaires:

  1. J'adore, elle est merveilleuse cette femme!

    Bisous et bon week end

    Manon

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  2. J'ai beaucoup aimé la lire pendant l'attente et là je consulte ce qu'elle a écrit sur le post-adoption.
    Des bises ; )

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    1. Et tu conseillerais quel livre de post?
      Je cherchais quelque chose de tourné vers la famille élargie, amis proches.. Pour qu'ils apprennent les bases au moins.. J'ai rien trouvé. Tu en connais ?

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  3. Je n'ai pas trouvé d'ouvrages spécifiques pour la famille élargie. Ce que je faisais c'est que je scannais les parties qui concernaient les proches. J'envoyais ensuite par mail.
    Il y a un numéro du magazine de l'EFA qui traite de la famille proche. Je ne.sais plus le numéro. Je.peux regarder et te dire.

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